Evêques
La conférence épiscopale du Togo

La deuxième session ordinaire de la conférence des Evêques du Togo s’est achevée vendredi 19 juin 2020 à Lomé. Trois jours de travaux consacrés à la pandémie de la Covid-19, à la situation sociopolitique et sécuritaire qui prévaut au Togo. Comme d’habitude, les Evêques n’ont pas retenu leur langue, surtout sur la crise post-électorale et la situation sécuritaire. Cependant la conférence est restée muette sur un fait important!

Les Evêques du Togo, dans leur communiqué sanctionnant la fin des travaux de cette session, sont revenus sur la crise politique issue des élections. Ils ont une nouvelle fois appelé à une « sérieuse réforme du cadre électoral », ce qui garantirait des élections libres, transparentes, crédibles et paisible, gage de la démocratie. Ils ont vivement dénoncé les maux qui continuent d’alimenter les remous politiques au Togo.

Pour les Evêques du Togo, ces maux sont : la domination de la vie sociopolitique par l’armée, le manque d’une réelle indépendance des pouvoirs législatif et judiciaire, la corruption et l’impunité ; le mensonge dans les médias et sur les réseaux sociaux pour déstabiliser les personnes et les institutions, la ruse comme conquête du pouvoir, la violence… La Conférence épiscopale semble ainsi distribuer les cartons à tous les acteurs sociaux-politiques. Mais a-elle vraiment tout dit ?

La parenthèse

Pas tout à fait ! Le 28 mai 2020, l’archevêque émérite de Lomé, Mgr Philippe Fanoko Kpodzro accusait ses pairs de ne l’avoir pas soutenu dans sa lutte pour la vérité des urnes et pire, d’avoir « participé à des manœuvres du pouvoir » visant à le faire taire. Le prélat s’est livré à une liturgie remplie d’attaque contre bien d’acteurs y compris l’Eglise elle-même.

C’est donc avec grande curiosité que les Evêques ont passé sous silence cette accusation, du moins publiquement, alors que la Conférence des Evêques du Togo est réputée pour son franc-parler. Les Evêques ont-ils préféré « laver le linge sale en famille ? » De tout point de vue, avec une voix faisant autorité, l’on aurait souhaité les entendre sur ces graves accusations portées contre eux par un frère. Mais il est aussi aisé de comprendre que dans les ordres religieux, « le frère » reste le « frère »…

Ce goût inachevé de la sortie de la Conférence des Evêques ne devrait tout de même pas diluer leur message sur les autres sujets faisant l’objet de leur réflexion. Surtout pas sur un sujet aussi important que le respect de la vie humaine.

(Re)LIRE: Mgr Kpodzro flingue la conférence épiscopale du Togo

L’insécurité

Ainsi, revenant sur les préoccupations sécuritaires, les Evêques se sont dit « préoccupés et inquiets du climat d’insécurité qui règne actuellement » au Togo. Ces préoccupations tirent leur fondement dans les faits marquant de ces derniers mois. L’assassinat du commandant de la BIR, le colonel Madjoulba ; l’homme d’Adakpamé tué lors du couvre-feu et la mort du jeune Mohamed laveur de véhicule, tué à bout portant en plein jour.

L’inquiétude des Evêques, disent-ils, réside dans le fait « qu’aucun togolais, quels que soient son rang et lieu où il se trouve, n’est vraiment en sécurité ». Ils dénoncent un « sentiment d’impunité dont bénéficie les auteurs de ces forfaits qui agissent parfois à visage découvert », et demandent « que les enquêtes diligentées aboutissent et que les auteurs et commanditaires soient arrêtés, jugés et punis conformément aux lois en vigueur ».