Victoire Tomegah Dogbé
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Un peu plus de deux ans après le lancement du Fonds National de la Finance Inclusive, Madame le Ministre du Développement à la Base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes  fait un point des activités et de l’impact du FNFI sur le terrain. Nous vous proposons, en exclusivité, son interview dans laquelle elle revient notamment sur les perspectives d’un renforcement du développement à la Base dans notre pays.

Victoire DOGBE, Ministre du développement à base
Victoire DOGBE, Ministre du développement à base

Pourquoi le Gouvernement a créé le Fonds National de la Finance Inclusive (FNFI) ?

 Le FNFI est la réponse du Gouvernement, sur les instructions du Chef de l’Etat, à l’exclusion financière qui touche une partie importante de la population togolaise et notamment les plus pauvres. Comme vous le savez, moins de 30% de la population togolaise avait accès aux services financiers de base. Il s’agissait donc pour les pouvoirs publics de faire tomber la barrière invisible qui empêche certains de nos compatriotes   d’accéder   aux   crédits   pour   lancer   ou   relancer   leurs   activités génératrices                                                 de                                                 revenus.

 Pour cela, le Gouvernement a mis en place ce fonds qui met des lignes de crédits à taux réduits à disposition des institutions de microfinance afin de leur permettre de les prêter aux plus pauvres. Grâce à ce partenariat technique et la mise en place de produits  dédiés à  chaque  catégorie,  l’objectif d’inclusion  financière  est  plus  que jamais atteignable. Ce qui est sûr, c’est que tous les instruments techniques sont en place.

Au-delà des chiffres de la BCEAO qui montrent une nette amélioration de l’accès aux services financiers dans notre pays, nous nous référons aux nombreux témoignages et histoires de réussites en matière d’autonomisation économique pour dire que nous sommes en train de gagner, ensemble avec les populations et les institutions de microfinance, la bataille de l’amélioration des conditions de vie.

Quel est l’impact du FNFI sur le développement à la base et sur la réduction de la pauvreté ?

 Nous comptabilisons un peu plus de deux ans d’exécution seulement mais nous pouvons d’ores et déjà illustrer l’impact du FNFI par quelques exemples simples : le produit phare du FNFI : APSEF, Accès des Pauvres aux Services Financiers (Produit de 30.000 F pour le premier cycle, 40.000 F pour le second et 50.000 F pour les deux derniers cycles) a apporté une vraie évolution socio-économique dans la vie d’un demi-million de togolais dont 90% sont des femmes. Ces femmes exercent des  activités génératrices de revenus à une petite échelle mais qui leur permettent d’avoir le minimum vital et de prendre en charge les soins de santé primaire, l’alimentation et les frais scolaires de leurs enfants. Les fédérations préfectorales de développement à la base ont joué un rôle très déterminant dans la promotion de ce produit,           et           je           tiens           à           les            en           remercier.

 Le Produit AGRISEF, Accès des Agriculteurs aux Services Financiers (Produit de 100.000 FCFA par cycle) a, en un peu plus d’un an de mise en œuvre, permis à plus de 132.000 agriculteurs (50 % femmes et 50 % hommes) d’acquérir des intrants agricoles, engrais, semences,  de la main d’œuvre pour améliorer la pratique de l’agriculture et ainsi améliorer leur productivité et production. Les paysans sont très demandeurs de ce produit et il faut saluer la bonne synergie entre le Ministère du Développement  à  la  Base,  le  Ministère  de  l’Agriculture  et  tous  les  services techniques d’appui pour la bonne mise en place de ce produit sur le terrain par les Institutions    de      Microfinance. Quand on sait que 70 % de togolais vivent en milieu rural, il est évident que le produit AGRISEF va être une puissante locomotive pour amoindrir la pauvreté dans nos villages         et         cantons,         et         donc         à         l’échelle        nationale.

Le Produit AJSEF, Accès des Jeunes aux Services Financiers, Produit pouvant aller jusqu’à 300.000 FCFA est un crédit spécialement conçu pour les jeunes, qui, malgré quelques difficultés de démarrage, est aujourd’hui une réussite. Nous avons travaillé avec les Chambres de Métiers des différentes régions, les associations de jeunes, les différents prestataires de services techniques et financiers pour concevoir et   mettre   en   œuvre   un   produit   qui   répond   aux   attentes   des   jeunes. A ce jour, AJSEF a permis de toucher plus de 12 000 jeunes sur l’ensemble du territoire     et     le     nombre     de     bénéficiaires     va     continuer     d’augmenter. Ainsi avec ces trois produits, le FNFI compte près de 700 000 bénéficiaires sur toute   l’étendue   du  territoire.   Ceci   en   trente   (30)   mois   d’exécution   !

Nous avons réussi l’enjeu de l’opérationnalisation et maintenant nous devons gagner le pari de la pérennisation des effets dans la vie des populations. Comme vous le savez, l’inclusion financière et sociale est le socle de la cohésion sociale, gage d’une société        harmonieuse        et        tournée        vers       le  développement.

 Il  faut  ici  saluer  le  rôle  important  joué  par  la  Fédération  des  Bénéficiaires  des Services Financiers du FNFI (FEBESEF) pour sa contribution dans l’identification des groupes bénéficiaires des services financiers, dans le suivi des crédits, et dans les remboursements.

Egalement, je voudrai féliciter les bénéficiaires, nos parents, frères et sœurs pour leur fiabilité dans le remboursement. Ainsi, plus de 90% des crédits accordés par les partenaires du FNFI sont remboursés. Si je prends la région des Savanes, par exemple, (qui concentre les zones d’extrême pauvreté) les taux de remboursement avoisinent  les 100%.

 Enfin, d’un point de vue territorial, les actions du FNFI ont permis à ce jour de toucher au moins 85 % des villages et une stratégie est actuellement en cours d’élaboration   pour   que    100    %   des  villages    du    Togo   soient    touchés.

 Quelles sont les perspectives en vue de l’amélioration des performances obtenues et le renforcement du développement à  la base ?

 Le Togo a pris un leadership important dans la réalisation des Objectifs de développement durable. Notre objectif en tant que Gouvernement est de ne laisser personne sur le côté dans notre quête pour le développement et pour cela le FNFI a vocation       à       être       encore       plus       performant       et       plus       inclusif.

 Ainsi, en plus des produits traditionnels du FNFI (APSEF, AGRISEF et AJSEF), d’autres produits sont en cours de développement, notamment le produit “refinancement pour les Institutions de Microfinance” et un autre produit créé avec l’appui de la BAD. Ce dernier vise les femmes portefaix, les femmes handicapées, les femmes veuves, les femmes vivant avec le VIH et les femmes soignées de fistules obstétricales.

 Mais la grande innovation, c’est le lancement fin avril dernier de l’assurance du FNFI. Le Chef de l’Etat a souhaité que nos bénéficiaires qui peuvent être victimes d’accidents de la vie soient protégés contre ceux-ci et ainsi ne pas être doublement pénalisés. L’assurance FNFI comporte trois volets: santé ; incendie ; décès  et représente un nouveau challenge auquel nous porterons une attention particulière au cours des  prochains  mois.

Le FNFI va mettre davantage l’accent sur la qualité de ses opérations. C’est dans ce cadre qu’il sera organisé avant la fin de l’année en cours une revue à mi-parcours pour revisiter le schéma directeur du FNFI et pour discuter des mécanismes à mettre en place afin d’améliorer la qualité de nos services. Nous comptons aussi renforcer la communication autour des remboursements et mettre l’accent sur  les localités jusqu’ici            non            encore            touchées            par            le            FNFI.

Face au volume sans cesse croissant des opérations et aux besoins et attentes des populations ciblées, en partenariat avec le ministère en charge des finances, nous mettrons l’accent sur la mobilisation des ressources. J’aimerais saisir l’occasion pour saluer le rôle particulièrement important des Partenaires Techniques et Financiers qui ont adhéré spontanément à la démarche FNFI. Que ce soit la BOAD, le PNUD, l’UNCDF,  la  BAD,  la  BCEAO,  tous  ces  partenaires  par  des  conseils,  des contributions  techniques,  des  appuis  financiers,  accompagnent  l’Etat  dans  son objectif de réduction de la pauvreté. A ce jour, à titre d’exemple, les financements accordés  par la  BOAD  au  FNFI  sont  de  l’ordre  de  10  milliards de  FCFA.  Des discussions sont très avancées avec la Banque Islamique de Développement, le Fonds   Koweïtien   et   d’autres   partenaires   pour   une   mobilisation   accrue   des ressources.