Par John Kerry, Secrétaire d’Etat (USA)

La Journée internationale de la femme n’est pas simplement un moment inscrit sur un calendrier. C’est l’occasion non seulement de renouveler notre détermination à faire du monde un endroit plus pacifique et plus prospère, mais aussi de reconnaître qu’un monde dans lequel les possibilités offertes aux femmes se multiplient est un monde dans lequel les possibilités pour la paix, la prospérité et la stabilité se multiplient encore davantage.

Je le constate tous les jours en ma qualité de secrétaire d’État. Alors même que le régime d’Assad continue de larguer des barils d’explosifs sur Alep, montrant au monde les vraies couleurs d’un régime brutal, par chaque acte de courage et de persévérance, les Syriennes elles aussi montrent au monde leurs vraies couleurs. Nous avons entendu quelques-unes de ces femmes remarquables prendre la parole à Montreux pas plus tard que le mois dernier.

Leurs récits révèlent la bravoure d’innombrables autres Syriennes. Une femme d’Idlib a travaillé avec l’Armée syrienne libre pour faire en sorte que les habitants de son village puissent rester dans leurs foyers et continuer à cultiver leurs terres. Une autre, d’Alep, s’est débrouillée pour faire lever les restrictions sur l’accès des humanitaires en offrant de la nourriture aux soldats du régime aux postes de contrôle. Si cela ne symbolise pas le courage au combat, je ne sais pas quel exemple le ferait.

Il n’y a pas qu’en Syrie que les femmes nous offrent de l’espoir pour résoudre un conflit. Elles sont indispensables à la réalisation de nos objectifs communs de prospérité, de stabilité et de paix. C’est tout aussi vrai qu’il s’agisse de mettre fin à nos batailles ou de relancer l’économie. Le fait est que ce sont les femmes qui portent le plus lourd fardeau en temps de guerre. Mais leur voix ne se fait entendre que trop rarement dans la négociation de la paix.

Il faut que cela change.

Les pays qui valorisent les femmes et leur donnent les moyens de participer pleinement à la prise de décisions sont plus stables, plus prospères et plus sûrs. L’inverse est également vrai. Quand les femmes sont exclues des négociations, la paix qui s’ensuit est plus ténue. La confiance est érodée, les droits de l’homme et la reddition de comptes souvent ignorées.

Dans trop de pays, les traités sont rédigés par des combattants pour des combattants. Rien d’étonnant, dès lors, que plus de la moitié des accords de paix tombent à l’eau au cours des dix premières années suivant leur signature. L’inclusion des femmes dans le maintien de la paix et la prévention des conflits peut inverser cette tendance.

Comment faut-il donc procéder ?

Des éléments recueillis à travers le monde montrent que les conflits mortels sont plus susceptibles d’être évités, et la paix mieux forgée et protégée, quand des femmes sont incluses sur un pied d’égalité.

Voilà pourquoi nous nous employons à soutenir les femmes dans les zones de conflit et post-conflictuelles dans le monde.

En Afghanistan, nous plaidons pour l’inclusion et l’élection de femmes à tous les niveaux de gouvernance. Aujourd’hui, les Afghanes vont de l’avant d’une manière qui aurait été inimaginable il y a dix ans seulement. Elles montent des entreprises. Elles siègent au parlement. Elles enseignent et elles travaillent comme médecins et comme infirmières. Elles constituent le fondement sur lequel se construit l’avenir de l’Afghanistan.

Tandis que les Birmans cherchent à résoudre le conflit qui sévit dans leur pays depuis des dizaines d’années, les États-Unis soutiennent la participation significative des femmes au processus de paix et aux initiatives intercommunales en faveur de la paix.

Nous savons que la sécurité des femmes est essentielle à leur participation à l’établissement de la paix. C’est pourquoi nous veillons à ce que les femmes aient un accès égal à l’aide et aux secours humanitaires, où que nous soyons.

De surcroît, les États-Unis montrent l’exemple. Ma sœur travaille aux Nations unies depuis de nombreuses années, suivant les traces de notre père au département d’État bien des années avant moi. C’est une pionnière. Mais elle n’est pas seule. Ce n’est pas une coïncidence que certains de nos plus hauts diplomates et négociateurs pour la paix soient des femmes : de Susan Rice, la conseillère chargée de la sécurité nationale, à Samantha Power, la représentante permanente des États-Unis à l’ONU, à Heather Higginbottom, secrétaire d’État adjointe, à Wendy Sherman, sous-secrétaire d’État chargée des affaires politiques. Aujourd’hui, à une exception près, tous les secrétaires d’État régionaux adjoints sont des femmes.

Nous célébrons leurs accomplissements, non seulement parce qu’elles sont des femmes, mais parce que leur travail dans le monde entier renforcera la sécurité de tout le monde – hommes et femmes, garçons et filles.

La paix n’est pas l’absence de conflit. C’est la présence de chaque membre de la société dans une action commune visant à promouvoir la stabilité et la prospérité.

Aucun pays ne peut réussir tant que tous ses citoyens n’ont pas les moyens de contribuer à son avenir. Et aucune paix ne peut s’inscrire dans la durée si les femmes n’ont pas les moyens de jouer un rôle central. Aujourd’hui, nous prenons actes des kilomètres parcourus par les femmes à travers le monde – mais, ce qui est plus important encore, nous nous engageons envers ceux qui restent à parcourir.

John Kerry