Joël Egah
Joël Egah sur le plateau de l'émission ''L'Autre Journal''

Bien difficile réveil ce lundi dans la corporation des journalistes. Comme si un démenti allait être apporté à cette triste nouvelle, mais non. Joël Egah, Directeur de publication du journal Fraternité a faussé compagnie à ses confrères. Les réactions fusent de partout depuis la subite disparition du Journaliste dont la dernière apparition publique aux côtés de ses pairs remonte seulement à vendredi.

Témoignages rassemblés par la rédaction.

La faucheuse a encore fait parler d’elle. Joël Egah a bien rangé sa plume. C’est avec émoi et consternation que la mort du journaliste est évoquée. Juste 64 jours après son retour de prison, le journaliste Joël Kossi Vignon Egah est passé de l’autre côté de la scène. Libéré mais encore sur contrôle judiciaire, le Patron du journal Fraternité est décédé dans la matinée du dimanche 5 mars des suites d’un “malaise” à l’âge de 42 ans. La surprise de cette subite disparition est générale d’autant puisque le vendredi 4 mars, comme plusieurs confrères d’ailleurs, il était au Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS), dans le cadre d’une opération de don de sang, une activité annuelle de l’UPF (Union de la Presse Francophone), section Togo.

C’est une presse togolaise inconsolable qui rend hommage au confrère. On retient de lui, un journaliste ayant œuvré pour la vérité. De son “Camarade militant” Maxime Domegni ex-président du Consortium des Journalistes d’Investigation du Togo (COJITO) dont feu Egah est membre, il déclare : « Il partageait avec moi sa déception par rapport à la situation sociopolitique du pays, et tu sentais qu’il désespérait de plus en plus de voir les choses ne pas s’améliorer ». Maxime Domegni pleure un confrère « resté engagé à apporter sa contribution à l’édification d’un Togo meilleur ». « Je prenais régulièrement de ses nouvelles avec Ferdinand Ayité-directeur de publication de L’Alternative- avec qui il est souvent en contact », confie Maxime Domegni qui fait remarque que « le sort a voulu que ce soit d’ailleurs avec Ferdinand Ayité qu’il ait eu un de ses derniers échanges, dimanche matin autour de 10h, avant qu’il ne fasse la crise moins d’une heure plus tard ».

L’ex-président du COJITO regrette un journaliste d’investigation qui « a apporté fraicheur et dynamisme »  à l’organisation. « Joël Egah a d’ailleurs aidé activement à l’élaboration d’un projet que l’organisation devrait mettre en œuvre prochainement avec un autre partenaire. Leurs arrestations et la saisie de leurs passeports (en décembre 2021) ont retardé les choses », se désole Maxime Domegni.

Joël Egah était finalement attendu à Dakar où Maxime devrait enfin rencontrer son ‘’camarade militant’’. Il ne retiendra désormais que cette déclaration du disparu aux lendemains de sa liberté sous contrôle judiciaire dans l’affaire l’opposant à deux ministres togolais.  « Le combat pour la Vérité et le Bien est une question de Grandeur mais surtout de Sagacité », avait adressé Joël Egah à ses amis du COGITO mobilisés autour de sa cause lors de sa détention.

« Oui, il s’est battu pour la vérité et en a payé le prix. L’histoire de notre pays et de notre corporation le retiendra parmi les grands, lui un esprit librement engagé depuis les premiers âges de raison pour la Vérité, le Bien, l’Amour et le Partage », confie Maxime Domegni.

Pour ceux qui l’on côtoyé, unanimement ils reconnaissent en lui, un journaliste convaincu de la lutte pour une presse libre.  « Que dire de l’ami, du confrère et du frère Joël. Je l’ai plus côtoyé dans le cadre des activités de l’UPF. J’ai connu un confrère toujours jovial, aimant son prochain, rigoureux au travail et fidèle à ses convictions. J’ai perdu un ami un vrai. Que le Seigneur l’accueil auprès de lui et soulage le cœur de le veuve et de l’orphelin », a laissé entendre Jean de Dieu Panou, Trésorier de l’UPF au sujet du disparu.

Comme l’UPF, le CONAPP, le PPT ou encore l’ATOPPEL ont rendu hommage au confrère. Les organisations de presse évoquent leur désarroi, consternation et choc. La presse togolaise est tétanisée par le décès subit d’un confrère aussi déterminé et infatigable défenseur de la liberté d’expression.

Le vendredi 10 décembre 2021, Ferdinand Ayité et Joël Egah, respectivement directeur de publication des journaux L’Alternative et Fraternité, ont été arrêtés puis, inculpés pour “diffamation” et “outrage à l’autorité” pour des propos tenus dans l’émission d’actualités “L’autre journal”, diffusée sur YouTube. Ils seront libérés et placés sous contrôle judiciaire le 31 décembre 2021.

Joël Egah l’a confié à beaucoup de ses confrères. Il avait du mal à se remettre de cette épreuve.

Adieu cher confrère !