MALFAKASSA« Des coupes anarchiques du bois avec des centaines de souches d’arbres coupés et de madriers entreposés dans le parc…, des camions transportant du bois coupés dans le parc ; abattage anarchique des animaux, présence des braconniers munis de fusils et d’autre matériels de chasse ; développement du commerce de la viande de brousse issue des espèces animales abattues illégalement dans le parc dans les localités environnantes, notamment à Bassar, Sokodé, Fazao, Yao Copé, Adjengréetc » , C’est le cliché que présente l’ONG Alliance nationale des consommateurs et de l’environnement (ANCE) du parc national Fazao-Malfakassa à l’occasion d’une conférence de presse tenue ce jeudi 25 février 2016 à Lomé.

Une mission d’enquête de quatre jours, du 3 au 6 février 2016 effectuée par l’ONG Alliance nationale des consommateurs et de l’environnement (ANCE) sur le site du parc national Fazao-Malfakassa situé dans la région centrale du Togo, a permis de dresser un bilan à la limite d’une destruction programmée du parc. L’équipe d’enquête qui s’est donnée comme mission de recueillir les informations sur l’effectivité de la gestion du parc après le départ le 31 décembre 2015 de la fondation Franz Weber (FFW) qui en a assurait la gestion depuis 1990, s’est retrouvée face à ce qu’elle appelle « un désastre écologique ».

D’après Fabrice Kodjo EBEH, directeur exécutif de l’ANCE, « vu l’état actuel dans lequel se trouve le parc en moins de deux mois d’absence de la fondation FFW, on tend vers l’extermination de ce patrimoine commun dans peu de temps si rien n’est fait ». C’est dans le but d’informer l’opinion nationale et internationale sur les différentes atteintes portées au parc depuis le départ officiel de la FFW et de formuler des recommandations en vue d’y remédier que l’ANCE dans sa mission de préservation de l’environnement donne cette alerte à l’endroit des autorités togolaises.

En effet, le parc Fazao-Malfakassa a été concédé pour gestion à la Fondation Franz Weber par l’Etat togolais sous la tutelle du Ministère de l’Environnement dans les années 1990, alors même que le Togo traversait de graves crises socio-économiques. Selon l’ANCE, « ce contrat de 25 ans a pris fin en 2015 et les tractations de la FFW en vue de son renouvellement n’ont pas connu de suite favorable… Le Ministère de l’environnement et des ressources forestières (MERF) qui n’a donné aucune suite aux différents courriers à lui envoyés par la FFW a décidé de nommer un conservateur national pour assurer la gestion du parc. Ce dernier se trouve réduit à une vingtaine d’agents et de quelques éco-gardes, soit une trentaine de personnes. Une équipe trop petite et dépourvue de moyens pour assurer une bonne surveillance d’un parc d’une superficie de 192 000 Ha ».

MALFAKASSA2Face à cette situation, l’ANCE demande urgemment aux autorités togolaises de renouer le contact avec la FFW pour assurer la continuation de la conservation du parc pour une période définie de commun accord avec le MERF et demande à l’Union européenne de faciliter les contacts entre la FFW et le MERF. Dans le cas échéant, l’ANCE demande aux autorités togolaises de confier la gestion transitoire du parc à un opérateur, une ONG ayant la capacité, une organisation ou une fondation spécialisée avec un cahier de charges bien précis ; d’organiser des campagnes de sensibilisation au profit des populations riveraines et de lancer un appel d’offre international pour le recrutement d’un gestionnaire du parc dans les meilleurs délais.

Pour conclure, M. Ebeh estime que même si des informations font état de difficiles collaborations entre la FFW et le MERF, le plus important à privilégier aujourd’hui est la préservation du parc, qui se trouve livré à une destruction qu’il serait difficile de stopper si rien n’est fait dans les tous prochains jours.

Avec, Adry BONCHEMIN