L’ambassade du Togo au Japon organise en mars-avril 2016 le festival culturel du Togo. Un événement qui est à sa troisième édition. Cette année, plusieurs innovations entrent dans son organisation, dans le but de mieux vendre la destination Togo aux Japonais. Dans cet entretien accordé à Full-news, Steve Bodjona, le chargé d’affaires de l’ambassade du Togo au Japon revient sur l’esprit de cette diplomatie culturelle.

Full-news: Bonjour M. Steve Bodjona, vous êtes le chargé d’affaires du Togo au Japon. Et vous préparez la troisième édition du festival culturel du Togo au Japon. Est-ce à dire que la diplomatie, c’est aussi la culture, e t pourquoi ?

STEVE BODJONA
Steve Bodjona, Chargé d’affaires à l’Ambassade du Togo au Japon.

Steve Bojona : Bonjour. Je vous remercie pour l’intérêt que vous portez aux activités de l’Ambassade du Togo au Japon. Pour revenir à votre question, oui, la diplomatie est culturelle. Elle n’est pas que politique ou économique quoique ces deux aspects de la diplomatie tendent, dans nombre de pays, à prendre le pas sur la culture. Nous devons pourtant convenir qu’en réalité, il s’agit d’un tout, la diplomatie ne devant ou ne pouvant dissocier ces trois secteurs d’intervention l’une de l’autre. L’essor de l’économie dans un pays dépend fortement de la politique nationale et aussi étrangère du pays selon qu’elle rassure ou non les investisseurs. Dans le même temps, nous savons que nul ne parle désormais d’économie sans faire référence au tourisme devenue une véritable industrie surtout dans les pays qui ont su réellement capitaliser sur leur potentialité en la matière. Or, et cela est encore plus vrai pour notre pays le Togo, la culture – nos fêtes et cérémonies traditionnelles, l’art culinaire dont la qualité n’est plus à démontrer – constitue entre autres un levier important du tourisme que nous avons l’obligation de promouvoir hors des frontières du pays.
Je reste convaincu que la culture reste le meilleur vecteur de sensibilisation sur les réalités d’un pays. Je la considère avant toute autre chose comme la carte d’identité de tout pays et de tout peuple.

FN : « Togo, pays de culture et de diversité. » C’est le thème de cette édition. Sur quoi allez-vous concrètement mettre l’accent ?


SB :
Nous allons justement mettre l’accent sur ce qui justifie le choix d’un tel thème: la diversité culturelle qui fait la richesse même de notre pays. Je suis souvent amusé de voir mes amis japonais s’étonner du fait que, sur la petite superficie que représente notre pays, cohabitent en harmonie plus d’une quarantaine d’ethnies qui se distinguent l’une de l’autre par la langue, les us et coutumes, le style vestimentaire etc, toutes ces choses qui représentent notre patrimoine culturel.
Nous ne pouvons certes pas rendre compte de chaque aspect de la culture togolaise à l’occasion du festival à venir mais nous avons organisé le programme de telle sorte que l’essentiel soit fait.

A travers les prestations de King Mensah qui donnera des concerts dans chacune des localités concernées par le festival, vous conviendrez avec moi que ce sont plusieurs rythmes, chants et danses traditionnelles du Togo profond qui seront valorisés.
D’autres artistes dont les noms seront dévoilés en février viendront en appui à notre initiative et collaboreront à l’animation des ateliers sur les chants et danses traditionnelles du Togo.
A côté, il y aura des projections de films notamment « les avalés du grand bleu » de notre compatriote Maxime Tchincoun ainsi que divers documentaires présentant des célébrations traditionnelles telles T’bol, Épé Ékpé, Évala, Singaring, etc

D’autres activités comme la foire des produits togolais, la dégustation de mets, des expositions artistiques seront organisées sans oublier bien entendu le concours de rédaction dont le thème est « Togo, sourire de l’Afrique »

FN : Après 50 ans d’indépendance, pensez-vous que le Togo a su vendre au mieux sa culture ?

“Personnellement, j’ai un rêve, celui de voir le Togo se doter d’un ballet national digne de ce nom qui volera de pays en pays pour émerveiller femmes, hommes et enfants. Nous avons du potentiel à revendre”.

SB : Des efforts ont été faits mais beaucoup reste encore à faire et ce dans tous les domaines, qu’il s’agisse de la musique, de la cinématographie, de la littérature et j’en passe. Il est vrai, comparé à certains pays, que nous sommes à la traine. Ce n’est peut-être pas une raison suffisante mais n’oublions pas non plus qu’entre temps la longue crise économique des années 90 est également passée par là.
Nous pouvons à présent garder espoir, le gouvernement ayant pris la mesure de la chose à travers un certain nombre d’actions concrètes dont entre autres le fonds d’aide à la culture, les maisons des jeunes en construction dans les différentes régions du pays pour justement favoriser l’éclosion des talents.

Personnellement, j’ai un rêve, celui de voir le Togo se doter d’un ballet national digne de ce nom qui volera de pays en pays pour émerveiller femmes, hommes et enfants. Nous avons du potentiel à revendre.

Steve Bodjona, Chargé d'affaires à l'Ambassade du Togo au Japon.
Steve Bodjona, Chargé d’affaires à l’Ambassade du Togo au Japon.

FN : Une douzaine de villes japonaises vont accueillir ce festival. Le choix est-il stratégique ? Quel impact ce festival devra-t-il créer au sein de la population nippone ?

SB : Sans être prétentieux, nous dirons  que l’impact est déjà perceptible. Vous l’avez dit plus haut, cette année marquera la troisième édition de la célébration de la culture togolaise au Japon. Même si pour les deux premières nous avons été modérés dans nos ambitions, elles justifient l’étape à laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Nous sommes passés de deux villes en 2013, 6 en 2014 à 13 cette année. C’est la preuve que l’initiative est appréciée et que chaque fois, nous sommes satisfaits par les résultats.

Savez-vous qu’en 2010 alors que l’Ambassade du Togo ouvrait ses portes sur le territoire Nippon les statistiques indiquaient qu’en moyenne seulement quatre visas était sollicités par an par des japonais? Aujourd’hui nous oscillons entre 150 et 200. Ce n’est pas une autosatisfaction mais nous pensons être sur la bonne voie. Vendre la destination Togo est notre première mission et nous ne ménagerons aucun effort pour que chaque jour notre pays gagne du terrain. Très peu de japonais savent qu’en Afrique de l’ouest existe un pays appelé Togo. Vous comprenez donc que pour nous chaque occasion est à saisir pour donner de la visibilité à ce havre de paix que nous chérissons tous.
A moyen ou à long terme, l’ambition est d’attirer, plus que des touristes, des investisseurs. Lorsque ceux-ci auront appris à découvrir le Togo sous les aspects que nous leur présentons, il n’y a point de doute que le désir d’explorer les opportunités d’investissements qui leur sont introduits grandira naturellement.


FN : Les élèves des lycées du Japon seront aussi invités à participer à un concours sur le thème de ce festival. Comment devront-ils se prendre concrètement (conditions de participation ; où trouver les infos utiles sur le concours) ?


SB :
Le concours est exclusivement ouvert aux élèves des lycées et tout a été planifié de façon à faciliter la tâche aux concourants.
Ceux-ci devront mener des recherches sur le Togo afin d’argumenter leur rédaction en mettant surtout l’accent sur les découvertes faites qui justifient le slogan « Togo sourire de l’Afrique » et qui pourraient être des raisons suffisantes pouvant les motiver à visiter le Togo s’ils avaient l’opportunité de se rendre dans un pays africain au moins.

Tout a été prévu. Le site officiel de l’Ambassade fournit suffisamment d’informations en japonais sur le Togo. Diverses documentations en japonais ont également été produites et sont disponibles à l’Ambassade pour tout concourant qui voudra les consulter sur place ou sous forme de prêt (pour les documents qui ne peuvent être offerts en raison de leur nombre limité). Enfin, des causeries-débat de présentation du Togo sont d’ores et déjà organisées soit à l’Ambassade, soit dans les lycées pour ceux qui en font la demande.

Sachant que la culture japonaise veut que dès sa première année d’université l’étudiant planifie lui-même son voyage et s’envole à la découverte de l’étranger, le principal objectif de ce concours est d’encourager les milliers de lycéens (futurs étudiants) à apprendre du Togo; à d’abord savoir qu’il existe, à le découvrir et à l’aimer pour en faire une destination de choix.

FN : Du 31 Mars au 30 Avril 2016, un mois de festival pour promouvoir le Togo. Ce ne doit pas être facile surtout lorsque l’on sait qu’une telle initiative doit exiger d’énormes moyens humains et financiers.

SB : « Aimer, servir, se dépasser ». Telles sont les paroles de notre hymne national. La tâche est ardue, ne nous le cachons pas. Mais ne dit-on pas souvent que la volonté et la passion suffisent à faire déplacer des montagnes?

Propos recueillis par Ben SOULEYMAN

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