Le président de l’Assemblée nationale Togolaise, Dama Dramani est un pèlerin, un bon ! Il a promis, lundi 15 septembre 2014, d’amener les partis à l’Assemblée Nationale au consensus autour de l’élection des membres de la CENI, notamment sur la nomination de ceux de l’opposition parlementaire. Il a gagné le pari ! Mais à quel prix ?

Le lundi 15 septembre 2014, alors que les négociations sur la nomination des membres des partis parlementaires à la CENI n’avançaient plus, Dama Dramani, le président de l’Assemblée nationale togolaise a pris sur lui de suspendre la séance et de le renvoyer au mercredi 17 septembre 2014.

En suspendant la séance lundi, et en le revoyant sur mercredi, Dama Dramani avait déclaré : «  je prendrai personnellement mon bâton de pèlerin pour qu’on parvienne à un consensus ». C’était une promesse faite par le « sage » du parlement. Une promesse qui faisait suite à des heures de tractations qui l’ont vu quitter, à plusieurs reprises, son perchoir ; sans parvenir à faire fléchir le groupe parlementaire ANC/ADDI.

Dama Dramani, discutant avec Isabelle Ameganvi de la coalition ANC/ADDI
Dama Dramani, discutant avec Isabelle Ameganvi de la coalition ANC/ADDI Lundi, au parlement

Les députés de ce groupe n’entendaient rien lâcher des 4 sièges qu’ils réclamaient sur les 5 réservés à l’ensemble de l’opposition parlementaire. L’UFC en serait la principale victime, sans représentant à la CENI. L’UFC, ce parti politique de l’ « opposition », qui co-gouverne avec UNIR, le parti au pouvoir !

La promesse du président, on pouvait s’en douter ; douter de sa qualité de pèlerin et médiateur averti. Mais comme le dira son vice-président Komi Klassou Sélom, « Dieu est togolais ! ». « Par miracle », Extase Akpotsui, une des trois personnalités élues lundi pour le compte des partis de l’opposition extraparlementaires démissionne… ouvrant le boulevard à un consensus avec les durs du groupe ANC/ADDI. On se rappelle que le groupe ANC/ADDI et ARC-EN-CIEL avaient contesté l’introduction d’un des trois noms votés lundi- (Akpotsui Extase – Kolani Lardja-Tachalla Biao)-, dénonçant une modification unilatérale du consensus trouvé avec le groupe UNIR… Cette démission aurait été le déclic… Mais qui aurait été cet intrus ?

Le pèlerin de Kaboli pouvait alors retrousser ces manches et « marchander » un (1) des 4 sièges réclamés par ANC/ADDI ; sauvant de justesse les meubles. ANC/ADDI cède, et obtient visiblement un réajustement sur la liste des partis extraparlementaires. L’UFC peut enfin rester dans la barque de la CENI. UNIR n’abandonnera pas ses partenaires. En bon protecteur, le parti a su jouer à la diplomatie qui avait pour crédo, l’équité ; avec un président du parlement calme et endurant mais certainement doué.

L’homme ne pouvait ne pas y arriver, avec cette « formidable » démission « volontaire » de Monsieur Extase Akpotsui qui est un cadeau en or pour le facilitateur !

Dama Dramani, descendu de son perchoir, tentant de discutant avec Isabelle Ameganvi de la coalition ANC/ADDI
Dama Dramani, descendu de son perchoir, tentant de discuter avec Isabelle Ameganvi de la coalition ANC/ADDI – Lundi au parlement

Lors de la séance de ce mercredi, les tractations dans les couloirs du parlement n’étaient plus en réalité signe d’un orage, mais des derniers réglages. Et à la reprise des travaux, alors que la presse pouvait encore s’attendre à de houleux débat, le pèlerin de kabou annonce avec assurance : « nous avons trouvé un compromis qui nous permettra d’avancer !». Le reste, ce sera la nomination par acclamation des 17 membres de la CENI…quand bien même Dama Dramani ne finira pas la séance…Pris pour une urgence, il quittera le perchoir au profit du vice-président Klassou qui, plus que satisfait, pouvait s’exclamer à la clôture de la session : « quel mot dois-je utiliser ? ».

Monsieur le vice-président, dites simplement que le président de l’assemblée nationale est un bon pèlerin ! La preuve, il a inspiré la dame de fer, Isabelle Ameganvi qui dira sans ambages « je pense qu’à mon tour, c’est moi qui prendrait le bâton de pèlerin que vient de laisser le président, afin que le consensus puisse être trouvé sur tous les autres reliquats des problèmes de notre pays »

Le Togo a des « génies », mais à quel prix s’activent-ils ?

Ben SOULEYMAN